Nagasaki est l’une des villes les plus célèbres du Japon, malheureusement pour de bien tristes raisons. Mais Nagasaki est aussi une ville riche d’histoire, puisqu’elle a longtemps été la seule ville autorisée à être en contact avec le reste du monde. Les inspirations chinoises et hollandaises sont ici nombreuses.
La raison pour laquelle Nagasaki était sur la liste initiale des cibles potentielles est, pour la même raison qu’Hiroshima ou Kyoto qui était sur la première liste, qu’ elle est l’un des berceaux de l’Empire du Japon, puisque lorsque le Japon était encore fermé, Nagasaki constituait la seule porte (entre-)ouverte sur le reste du monde via son port de commerce avec les Pays-Bas et la Chine. Elle était également un point important de fabrication d’armes, équipement et munitions, notamment avec les usines Mitsubishi.
Il faut savoir que Nagasaki n’était pas la cible numéro un ce jour là, l’arsenal de Kokura l’était, mais des bombardement sur la ville les jours précédents avaient provoqué des incendies, dont les fumées rendaient impossible le largage de la bombe Fat Man sur la cible.
C’est donc Nagasaki qui a été choisi, mais une forte couverture nuageuse empêchait tout largage, jusqu’à une très brève brèche dans les nuages. La précipitation au largage a donc fait rater le point d’impact prévu de plusieurs kilomètres, et a donc atteint la ville en son cœur, provoquant un nombre incroyable de morts (entre 60 et 80000), de blessés, de destructions…
Même si Nagasaki est un peu moins célèbre qu’Hiroshima, la bombe utilisée était plus puissante.
Le gouvernement japonais avait refusé de donner suite à l’ultimatum de la conférence de Potsdam qui s’est terminée le 2 Août 1945, de réagir au bombardement d’Hiroshima et d’ignorer le second ultimatum de Truman, espérant une clôture positive des négociations avec la Russie, celle-ci a déclaré la guerre au Japon le lendemain du premier bombardement, le Japon se retrouvait ainsi à court d’alternatives, et pour les experts aurait été amené à capituler à court terme, et ce même sans la destruction de Nagasaki.
Le débat reste vif encore aujourd’hui dans les communautés d’historiens et de scientifiques.
Nagasaki est donc devenu mondialement célèbre le 9 août 1945, jour où le gouvernement américaine a décidé de larguer une seconde bombe atomique sur le Japon, 3 jours après Hiroshima, afin de faire capituler le pays.
Force est de constater que cela a fonctionné puisque 5 jours plus tard, le gouvernement Japonais décidait d’une capitulation totale et inconditionnelle.
Cela est la version raccourcie largement diffusée par les Etats-Unis afin de justifier leurs actes.
Le musée de la bombe atomique de Nagasaki vous montrera une réalité un peu différente.
Inauguré en 1996 suite au projet de commémoration du cinquantenaire de l’explosion, le musée fait partie d’un ensemble de parcs et de monuments dédiés aux victimes.
Il se compose de 4 zones : La journée du 9 Août 1945, les dommages causés par la bombe (la plus grande et la plus remarquables des salles), la salle video et de quizz (tout y est en japonais), “Vers un monde sans arme nucléaire”.
Dans la seconde salle, vous y verrez le résultat de l’explosion, des objets brûlés, pliés, fondus, déchiquetés, noircis… et un très grand nombre de photos de cadavres, de corps mutilés, des graphes d’évolution du nombre de cancers, etc…
Il y est aussi fait le point sur la situation géo-politique de l’époque, le Japon au bord de la reddition, les américains souhaitant montrer la puissance de la bombe pour laquelle avait été investi plus que le PIB du Japon (2 milliards de dollars de 1945, soit environs 26 milliars de dollars actuels) depuis le lancement du projet Manhattan en 1939, et qui était au départ destinée à être larguée sur l’Allemagne, celle-ci ayant capitulée quelques mois auparavant, le Japon restait la seule option.
Bref, un musée qui contrebalance bien les musées américains dont celui d’Albuquerque par exemple que j’ai également eu la chance de visiter et dont je vous parlerai, et dans lesquels sont mis en avant l’inexorabilité de l’utilisation de la Bombe afin de sauver des milliers de vies américaines et l’avance technologique des Etats-Unis sur le reste du monde dans le domaine atomique, passant à l’asse les nombreuses doléances des scientifiques travaillant sur le projet Manhattan de ne pas utiliser la Bombe ou en tout état de cause ni sur des populations civiles ni sans avoir au moins donné un ultimatum au Japon.
Si tout n’est pas traduit, l’essentiel l’est.
En deux mot, c’est un musée violent, mais intéressant.
Prix : 200Y pour les adultes, 100Y pour les enfants et étudiants.
URL : http://www1.city.nagasaki.nagasaki.jp/peace/index_e.html
Adresse : 7-8 Hirano-Machi, Nagasaki 852-8117
Situé non loin de là, au niveau du tramway, dans un parc, l’Hypocentre Park est aussi à considérer, non pas vraiment pour le monument en lui-même, tout comme le Peace Park, il n’a rien d’extraordinaire, mais pour voir à quelle point la Bombe a exploser en plein centre de la ville, ravageant tout sur des kilomètres autour de ce point, soufflant, brulant et irradiant tout sans exception. Autant vous dire que si vous vous trouviez à cet endroit au moment de l’explosion, vous auriez été instantanément vaporisé, y penser me fait froid dans le dos. Difficile d’imaginer aujourd’hui la tragédie qui a frappé la ville et le pays il y a 59 ans.
Un peu en dehors des sentiers battus de Nagasaki, Gunkanjima (littéralement île navire de guerre en raison de sa forme) ou Hashima est une ancienne île minière aujourd’hui désaffectée.
Elle constituait un très important gisement de houille à la fin du 19 siècle et surtout
qui fut un temps le lieu le plus densément peuplé du Monde avec 139 000 habitants au kilomètre carré, difficilement imaginable, comme si Paris avait 146 millions d’habitants (et pas 2 millions comme actuellement) . Difficile à croire quand aujourd’hui il ne s’agit plus que d’une île fantôme, couverte de bâtiments en ruine.
Suite au tournage de Skyfall, Gunkanjima est parfois appelée “James Bond Island” (tout comme Khao Phing Kan, une île beaucoup plus naturelle en Thaïlande), pourtant aucun James Bond n’y a été tourné. Seuls des vues générales de l’ile et des relevés y ont été faits et les décors ont été recréés en images de synthèse.
La croisière dure 30mn pour se rendre à l’île, environ 30mn sur place, et un peu moins d’une heure pour revenir à bon port, après voir fait le tour de l’île et des pauses pour prendre des photos.
Que ce soit la vidéo dans le bateau, ou les explications sur l’île, tout est en Japonais. Mais en tant que Gaijin, on devrait vous remettre un classeur en anglais avec quelques explications.
La visite sur place, en plus d’être extrêmement courte, à la fois en temps et en distance couverte, oblige les visiteurs à rester loin des bâtiments puisque ceux-ci, l’abandon, risquent de s’écrouler à tout instant. Autant dire que ce n’est pas vraiment de l’exploration Urbex, mais plutôt un lieu pour faire des selfies en mode post-apocalyptique.
Je recommanderais la visite si ce n’était pas aussi cher. De 3600 à 3900Y la visite, ce n’est pas donné. A vous de voir en fonction de votre budget.
Prix : 3300Y en basse saison, 3600Y en haute saison + 300Y de frais d’accès à l’île.
URL : http://www.gunkanjima-concierge.com/en
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Merci de votre article. De belles photos. C’est vraiment une destination attrayante. Je souhaite avoir la chance de la visiter.